Le vendredi 1er juin, j’ai organisé un 4e Matin Coopérant autour de l’accès aux soins et de la lutte contre la désertification médicale.
Plus de soixante personnes (élus, professionnels de santé et usagers) se sont ainsi réunies à la Cité de la formation de Marmande.
Après avoir rappelé que j’organisai cette matinée afin de nourrir le travail de la commission d’enquête parlementaire que je préside à l’Assemblée, j’ai présenté le contexte de l’offre de soins sur l’ensemble du territoire et les enjeux qui s’y rattachent, avant de laissé place à une table ronde articulée autour de cinq intervenants.
Le médecin et conseiller départemental, Joël Hocquelet a présenté le travail effectué par la Commission départementale de la démographie médicale (CODDEM), indiquant que le maillage du territoire par des Maisons de Santé Pluridisciplinaires aura permis de maintenir la courbe démographique médicale en Lot-et-Garonne. Il a toutefois précisé : « C’est l’un des outils mais la réponse est sûrement le mix des solutions ».
Tous s’accordent en effet à dire que les MSP ne sont utiles que lorsqu’elles sont une réponse à un projet médical porté par une équipe.
La cadre de santé en milieu hospitalier (infirmière de bloc), Cécile Marin, a rappelé que l’exercice médical n’est plus considéré comme un sacerdoce par les jeunes médecins et qu’en ce sens, il est urgent d’entendre leurs besoins professionnels (le travail en équipe) et personnels (des infrastructures et des services pour eux et leurs familles). Elle a présenté son projet d’unité de soins mobile, déjà expérimentée sur plusieurs territoires. Il s’agit de médecins installés dans une structure et proposant des consultations à domicile dans un rayon de 10 km, en appui des généralistes en place.
« L’unité mobile voit le jour là où se crée le besoin en terme de bassin de vie, une fois les règles juridiques respectées tout peut se faire grâce au lien social »
Nicolas Pages, interne en chirurgie et responsable de la startup Satelia (suivi post opératoire des patients via une application) a indiqué, « provocateur », ne pas croire en la télé médecine. Il a par la suite nuancé en expliquant qu’elle ne serait une solution que si elle était proposée à « des patients souhaitant y avoir recours et sachant utiliser les technologies. Les solutions médicales numériques offrent la possibilité d’optimiser le soin sans jamais pouvoir se substituer à l’humain. »
M. Jean-Marc Faucheux, Président de la commission médicale du GHT, a pour sa part évoqué l’exercice en milieu hospitalier, indiquant que le recrutement était difficile en raison des grilles de salaires peu attractives pour les médecins dans le secteur public. Il a par ailleurs témoigné du souhait des médecins à exercer à plusieurs au sein d’un même service, venant ainsi appuyer le constat fait en médecine de ville que les praticiens ne souhaitent plus d’un exercice isolé. « Imposer une installation est une erreur, il faut inciter ».
Enfin, M. Stéphane Valery, vice-président du conseil de l’ordre des infirmiers a présenté les possibilités offertes par les pratiques avancées, indiquant entre autres qu’elles seraient une solution de désengorgement des consultations en médecine générale. Reste à poser le cadre de cet exercice en milieu libéral où la hiérarchie et les responsabilités ne sont pas réparties comme en milieu hospitalier par exemple.
« La pratique avancée d’un personnel formé permet de connaître ses limites de compétences ».
Un temps conséquent a été consacré à des échanges avec le public, donnant lieu à la prise de parole d’intervenants divers.
Ainsi, des usagers ont fait part de leur inquiétude, indiquant que les nouvelles distances à parcourir pour accéder à une consultation, ont déjà des conséquences telles la renonciation aux soins en raison de difficultés économiques.
Des élus ont témoigné de la difficulté à faire venir des médecins sur leurs territoires sans que cette démarche ne s’inscrive dans une dynamique collective.
Nombre de professionnels de santé ont fait part de leurs expériences et rebondi sur les interventions de la table ronde.
Enfin, le Sous-Préfet a conclu cette matinée participative en se disant confiant au vu de l’implication de l’ensemble des élus sur ce sujet et des solutions qui émergent du milieu médical.